Depuis hier soir, je ne tiens pas en place et je n'ai pas très bien dormi tellement j'avais envie que ce matin arrive !! J'en ai rêvé depuis plus de 20 et voilà, le grand jour est arrivé, je vais patiner dehors, sur le canal Rideau tout gelé au Canada !! Le canal ouvrant à 8h, je suis debout à 7, suis prête à déjeuner à 7h30, sauf qu'en fait, le petit déj', c'est à partir de 8h30 à mon auberge. J'arrive à grapiller un bagel sorti du frigo, dommage car le grille-pain n'est pas encore dispo, je me fais chauffer un mug de lait. Le bagel froid, c'est pas top alors je le mets dans un tupperware pour pendant ma ballade et go ! En avant pour la pati-rando, et sous un joli ciel bleu (et quelques nuages) s'il-vous-plait. Certes, il fait -15°C température officielle et -21° en température ressentie, mais vous ne m'arrêterez pas avec vos chiffres à faire froid dans le dos de mon congélateur.
2 minutes à pieds et me voilà déjà au bord du canal au km 0. Je descends avec mes bottes jusqu'au banc sur la glace, mets mes patins et sens mes guibolles un peu gelées de l'extérieur. Pour marcher c'est pas gênant, mais pour patiner c'est plus délicat. En avançant, ce sera probablement mieux, donc c'est parti pour 7.8 km de patinage. Au plus j'avance, au moins je sens mes jambes et ce n'est pas facile d'avancer, surtout après avoir quitté le 1er km où j'avais le vent de dos. Maintenant, le vent est de face ou de côté et je me dis que j'aurais dû déjeuner plus. Je profite donc d'un des nombreux abris sur le côté pour finir mon bagel... bien qu'à peine sorti du frigo, il est tellement moins froid que l'air ambiant, qu'il a fait plein de buée sur le tupperware.
A partir du 5ème km, j'ai vraiment eu envie de rebrousser chemin, mais c'était plus long que d'aller jusqu'au bout du canal où je pourrai certainement me reposer. Le dernier km a été le plus terrible, avec beaucoup de vent de face et une trèèèès loooongue ligne droite qui me donnait l'impression que je n'arriverai jamais au bout. Sauf que si, j'ai réussi !!! j'ai eu envie de me jeter au pied de la borne du kilomètre 7.8, mais rien qu'à l'idée de devoir me relever, j'ai préféré m'abstenir. J'ai quitté mes patins, remis mes bottes ai attaché les lacets de mes patins et les ai mis sur l'épaule, comme je l'avais vu dans des films à la TV, puis j'ai marché dans la neige pour aller jusqu'au musée de l'agriculture qui est une ferme dans la lointaine banlieue d'Ottawa, avec veaux, vache, poulets, cochons, chèvres, moutons, bélier, lapins, une expo sur l'apiculture et une démonstration de fabrication de pain où j'ai pu goûter un morceau de baguette avec du beurre de pomme dessus. La baguette, j'en avais déjà entendu parler, mais le beurre de pomme, c'était nouveau et rudement bon parce qu'il y avait de la cannelle à l'intérieur... miaaaaam. Un vrai régal !
Un peu remise de mes kilomètres de patinage matinal, je repars de la ferme, avec mes patins toujours sur l'épaule et retrouve le canal gelé pour un retour vers le centre ville. Vent de dos et quelques petits degrés de plus, ça devrait aller. Effectivement, c'est moins dur, mais j'ai comme un gros coup de barre un peu avant un stand de queues de castor. Non, je n'ai pas fait la peau à un de ces mignons petits rongeurs : les queues de castors sont des beignets en forme de que de castor. J'ai choisi la version sucre et cannelle, dégustée au soleil sur une des aires de repos du canal... ça fait vraiment du bien. Le dernier kilomètre est un véritable enfer avec le vent de face et tous les kilomètres parcourus dans le froid qui coupent les jambes. Kilomètre 0 en vue ! Oui, j'y suis ! J'ai cru que j'allais y rester mais j'ai retrouvé un bout de courage au fond de mes bottes et ai réussi à retourner à l'hôtel avec l'impression d'avoir couru 3 marathons de NewYork à la suite.
A peine le temps de souffler un brin avant de repartir pour mon dernier musée du jour : le musée de la guerre car il est inclus dans mon passeport des musées d'Ottawa. Encore un très grand musée très bien fait, qui explique toute l'histoire militaire du Canada, du temps des Premiers Peuples jusqu'aux conflits d'aujourd'hui, très documenté et illustré, avec des avions, des chars, la voiture d'Hitler (et oui, elle est au Canada !), des arcs, des mitrailleuses, des canons, une paire de mitaines (des moufles, en français de France) avec lesquelles vous devez essayer de visser des vis, faire un nœud et bidouiiler des trucs... résultat du match : la mitaine : 0, moi : 3. Score sans appel, la discipline devrait être un sport olympique.
A ma sortie du musée juste un peu avant la fermeture, je parviens, en courant, à arriver à temps pour la visite d'une brasserie à proximité : Mill Street Brewery. J'étais toute seule pour la visite, mais c'est quand même le proprio qui m'a tout expliqué de la fabrication de la bière, qui ne prend que 3 semaines, si peu par rapport au vin. Du coup, comme d'autres brasseurs canadiens, il peut faire des éditions spéciales de bières régulièrement en variant la composition : le type de céréale utilisé, les proportions... Il n'y a pas beaucoup de cuves, mais la visite est super intéressante (in english, of course !).
C'est avec un courage surhumain que j'arrive à me rapatrier près de l'hôtel et ce soir, je m'accorde le droit de goûter un plat canadien qui a dû en tuer plus d'un : la poutine. Rien à voir avec le président russe. C'est un plat pas franchement homologué par la fédération internationale des plats équilibrés : vous prenez une ration de frites, vous ajoutez des cubes de fromage gras et vous ajoutez de la sauce par-dessus. Rien qu'en ayant lu ça, vous avez pris 3 kilos. Moi non, entre le froid et le sport, c'est le minimum vital pour tenir jusqu'au petit déj' de demain.