Un dernier coup d'oeil sur la citadelle et les ruines de Palmyre pendant le petit déjeuner, au dernier étage de l'hôtel, et nous revoilà sur la route. La destination du jour : Hama, à 4 heures d'ici.
A peine partis, nous faisons une première halte dans le désert pour une photo sensation : un grand panneau routier indiquant la route vers l'Iraq, à 200km de là, et les montagnes en fond. Espérons que le chauffeur ne se trompe pas d'itinéraire !
Nous profitons également de cet arrêt pour nous faire livrer par taxi un appareil photo oublié à l'hôtel, puis reprenons la route au milieu d'un immense paysage de steppe, où l'on trouve très régulièrement des oasis.
Peu à peu, les paysages changent et les oliviers deviennent de plus en plus nombreux, bientôt rejoints par des pins d'Alep, plantés il y a probablement juste quelques années. Visiblement, le pays a décidé de faire un énorme effort pour reboiser des régions entières (énormément d'oliviers et beaucoup de pins d'Alep).
Lors d'un "arrêt technique", nous avons vu des camions militaires passer, à bord desquels étaient embarqués des hommes en civil agitant des drapeaux syriens. Ils avaient l'air de vouloir se faire photographier, alors pour leur faire plaisir (et parce que ça donne l'impression d'être un grand reporter), j'ai fait quelques clichés. Je suis ensuite restée sur le bord de la route pour discuter avec deux autres membres du groupe jusqu'à ce qu'une jeep de l'armée ralentisse avant d'arriver à notre hauteur et sorte de la route pour passer très près de nous. A l'intérieur, un homme nous fixait d'un regard soupçonneux. Heureusement, à ce moment là, les appareils photos étaient au repos et les caches sur les objectifs. La jeep retourna sur la chaussée et poursuivit son chemin. Ouf! Je n'avais pas forcément envie de profiter de l'hospitalité de la police syrienne.
Retour au fond du parking, loin de la route. Cela me semble plus prudent.
En attendant, ce flot de camions militaires en direction de Homs (ou plus loin) ne laisse rien présager de bon pour demain - vendredi, journée où des manifestations contre le président sont annoncées. J'avoue avoir des doutes sur le respect du programme des visites demain dans la capitale pour notre dernier jour de voyage.
Depuis notre départ de France, les seules informations véritables sont celles que nous arrivons à glâner sur TV5 monde, la BBC, internet ou des sms envoyés depuis la France. Le guide, lui nous donne les informations officielles d'ici : tout va bien, les syriens manifestent leur satisfaction car le président a annoncé des réformes et la Syrie est victime d'une tentative de déstabilisation venant de l'étranger.
Les services de sécurité armés postés aujourd'hui à l'entrée des villes me rappellent notre court passage à Lataquié (avant que nous n'allions dans un endroit plus calme à 1/2 heure de la ville).
Je n'arrive toujours pas à m'y faire. De plus, j'ai l'impression que chaque homme attendant sur le bord des routes fait partie de la police secrète. Je crois que je deviens parano... mais pas tant que ça.
Première visite du jour, après 4 heures de bus : les ruines de l'ancienne Apamée, l'une des plus grandes villes de l'Orient hellénistique . Pour moi qui était en manque de cailloux cassés, c'est un pur bonheur ! Le site est une grande artère bordée de colonnes ornées de feuilles d'accanthes s'étendant sur près de 2km. Derrière, une équipe belge a découvert des bains et les a mis à jour. Il reste encore beaucoup de vestiges enfouis et cela prendra du temps avant d'avoir une véritable ville sous les yeux. L'ancienne citadelle, située à proximité, derrière quelques buttes d'herbe verte broutée par un troupeau de moutons, est actuellement habitée : des maisons ont été construites par dessus les murs et les habitants ne sont pas décidés à s'en aller.