Le jour où j’étais minuscule à Osaka

Et voilà. Mon séjour dans la région de Hiroshima touche à sa fin.
Je me lève une nouvelle fois de très bonne heure pour prendre le train, et reprendre ma migration, armée de tous mes bagages.

En sortant de l'auberge, je jette un dernier coup d'œil nostalgique au ferry de Miyajima et poursuis ma route jusqu'à la gare.
Première étape : Hiroshima, pour une correspondance en direction d'Osaka où je compte passer la journée, pour visiter l'aquarium - le second plus grand du Japon, où l'on trouve un requin baleine (oui, encore !).

Comme la gare par laquelle j'arrive ce matin et celle d'où je repartirai ce soir sont différentes et que je n'ai pas l'intention de visiter beaucoup de choses, je conserve ma valise avec moi et la laisse à la consigne de l'aquarium (j'avais lu qu'ils avaient de très grands casiers et, heureusement, ce n'était pas un mensonge).

Ce que j'avais oublié de prévoir, c'est qu'aujourd'hui, c'est bêtement dimanche : l'aquarium est pris d'assaut par une armada de japonais. Difficile de voir loutres, poissons, pieuvres et méduses quand vous avez 5 ou 6 personnes devant vous.

Le requin baleine est dans un immense bassin avec une raie manta; la raie semble voler en battant des ailes avec grâce, tandis que le requin fait de lents tours de bassin. Des bancs de poissons argentés complètent le ballet, avec de brusques accélérations ou changements de direction qui apportent un brin de magie et ressemblent à une pluie d'étoiles.
Le sourire aux lèvres, une chimère s'avance vers un plongeur venu passer l'aspirateur en ayant l'air de vouloir lui sauter dans les bras.
Je passe un long moment, immobile, à observer ce spectacle apaisant.

Après avoir fait 2 fois le tour de tous les bassins, il est encore tôt quand je décide de récupérer ma valise et quitter les lieux.
Il est 15h et j'ai faim. Les restaurants sont ouverts, alors j'en profite pour reprendre des forces. Mon choix se porte pour une fois sur un gyudon : un délicieux bol de riz au bœuf, accompagné d'un thé vert.
Me revoilà prête à partir découvrir la ville. Bien qu'ayant mes bagages à bout de bras, je décide de ne pas reprendre le train tout de suite et de flâner dans cette ville immense.

En prenant le train vers le centre-ville, je suis frappée par la sensation de ville en trois dimensions tant il y a de niveaux de circulation : des routes aériennes au-dessus d'autres routes, les lignes de train passent en hauteur également... tout se croise sans vraiment se croiser.

Je commence par le Temple Isshin-ji, un temple bouddhiste de la Terre Pure fondé en 1185. Sa porte principale, ajoutée en 1997, est très moderne avec deux statues de gardiens en bronze (kongōrikishi). Réalisée en acier, béton armé et verre, elle est totalement différente de toutes celles que j'ai vues jusque-là.

Je pars ensuite visiter le Temple Shitennoji, datant de 593 et dédié aux quatre dieux rois gardiens des horizons, les shitennō. Il s'agit du plus vieux temple officiellement administré au Japon, bien que les locaux aient été reconstruits au fil des ans. Il comporte plusieurs bâtiments, dont le pavillon kōdō décoré de fresques (1890-1969) et une pagode à cinq niveaux que l'on peut normalement visiter, sauf que là, c'est trop tard et tout est fermé, y compris les échoppes.

Comme j'ai encore un peu de temps, je décide d'aller voir le château. En chemin, je tombe sur un vendeur de takoyaki - des boulettes au poulpe, la spécialité d'Osaka. Bien entendu, pour ne pas faillir à ma réputation de touriste exemplaire, je me dois d'y goûter... verdict : C'est bon mais c'est (très) chaud !!

Peu de temps après mon arrivée, le château d'Osaka s'illumine et la nuit ne tarde pas à l'envelopper. C'est l'un des châteaux les plus célèbres du Japon. Il a joué un rôle majeur durant l'unification du Japon au XVIe siècle au cours de l'une des dernières grandes révoltes contre les Tokugawa, réprimée lors des sièges d'Osaka en 1614 et 1615. Plus grand château japonais de l'époque, il occupe environ 61 000 m2, au cœur d'un parc de six hectares et est construit sur deux plateformes imbriquées, soutenues par des murs de pierre, chacune donnant sur un fossé. Le tenshu (donjon) est constitué de cinq étages sur un socle de pierre cachant trois étages souterrains.

Bien entendu, comme il est tard, il est fermé et je ne peux qu'admirer l'extérieur. Il est plus que temps de me trainer jusqu'à la gare.
Ma valise semble peser des tonnes.

Je lutte pour ne pas m'endormir dans le train car je dois descendre à Kyoto.
Encore un bus plus loin et j'arrive enfin à mon auberge. C'est une ancienne maison close. Dans certaines chambres, il y a des tatamis, mais dans la mienne, c'est un simple lit... brrr... il fait froid et je suis épuisée après cette très longue journée. Comme la rue est en pente, de ma fenêtre, je vois la tour de la TV et les toits anciens de mon quartier. C'est tellement dépaysant !

Je me glisse sous les draps et bonne nuit les petits.

Les photos du jour :

Commentaires

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2 commentaires sur “Le jour où j’étais minuscule à Osaka”

  1. Phil dit :

    C'est étrange. Je voyais les grandes villes comme surpeuplées, débordantes de monde (on est quand même un peuple isolé sur une très grande île) et je vois que les rues sont pratiquement vides de voitures.
    Etonnant.
    La raison ?
    Les statues de Bouddha sont très belles; Bien plus nobles que celles où il est gras comme une figue molle et qu'il a un sourire de mongolito.

  2. Phil dit :

    Ce qui m'embête aussi c'est que l'homme détruit près de 1600 espèces animales et végétales PAR MOIS, tandis qu'il montre des tout petits bouts de nature dans des sanctuaires dorés (prisons ?) en pleine ville.
    Une manière de s'illusionner ? Tout va bien tant que je vois quelques animaux dans un cadre charmeur ?
    Enfin, bon.
    C'est peut-être juste moi qui ne comprend pas bien...

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