Le jour où j’ai amorcé le retour dans le sud

Ce matin, c'est déprimant. Non seulement je dois encore une fois refaire ma valise, mais en plus je sais que je ne continue pas à avancer vers le nord, mais que je commence déjà à migrer vers le sud et donc à revenir vers la maison, le boulot... ça a comme un air de fin de vacances, et j'veux pas que ça finisse !

Ce matin, y'a pas le feu au lac car mon ferry part du bout de la rue à 11h30, donc j'ai le temps de trainer, de petit déjeuner doucement, de regarder les mouettes en me laissant bercer par leur doux grincement. J'ai aussi le temps de retirer la partie extérieure du caoutchouc qui s'est détaché d'une 2ème roulette de ma valise et qui agit comme un véritable frein. Il n'y a plus qu'à croiser les doigts pour que le reste de caoutchouc tienne le coup car sinon, la valise ne pourra plus rouler du tout.

Un peu avant 11h, je ramasse sacs et valise et vais jusqu'au port, faisant attention en roulant sur les pavés, soulevant ma valise à la moindre bosse, au moindre trottoir et au moindre rail du tram... et y'a malheureusement beaucoup de tout ça sur mon chemin. Fatiguée d'avoir fait près de 300m, je récupère mon ticket de ferry et monte à l'étage, composte mon billet, arrive dans le hall d'embarquement et cherche le panneau indiquant la porte à prendre pour le ferry de Tallinn. Sauf que... le panneau devait être en bas, ou alors y'en n'avait pas. Quoi qu'il en soit, impossible de faire demi-tour. Donc on va faire comme si l'embarquement commençait à 11h et suivre tous les gens qui montent dans le bateau à l'heure dite. Justement, y'en a un max et je suis le flot. Une fois à bord, je laisse ma valise à la consigne et file à l'arrière, sur le pont pour un dernier adieux à Helsinki. Là, je me retrouve à côté d'un drapeau suédois... aille ! ça fiche un grave doute... mais en réfléchissant bien, il n'y avait que peu de passagers avec des valises alors que beaucoup avaient des caddies... forcément, on va en Estonie (2h30 de trajet) et pas en Suède (à 16 heures de là il me semble... du moins j'espère).

A bord, comme à l'aller, out le monde fait du shopping au duty free, joue au casino, boit et mange dans les différents bars, cafés et restaurants... ou se fait bronzer au soleil sur le pont. Moi, j'ai choisi la dernière option, bien qu'au milieu de la traversée il ait fait plutôt frisquet avec des nuages et du vent. Glagla !
Une heure avant l'arrivée, je ramasse mes 2 sacs et file à l'avant du bateau sur le pont supérieur (au 8ème étage il me semble) pour voir si on aperçoit la terre. Oui ! Au loin, on voit la tour de la TV, à côté du jardin botanique, je devine aussitôt Pirita juste à droite et les tours de la vieille ville encore un peu plus loin.

Effectivement, à 14h, c'est bien dans la capitale estonienne que nous nous arrêtons et je traine mon mammouth mort (aussi appelé valise) jusqu'au bout du port, le hisse dans le tramway (rien à voir avec notre tramway de plein pied, ici, on a 3 ou 4 marches abruptes avec une rampe au milieu et peu de place pour se poser en arrivant en haut) et suis le trajet sur mon vieux plan de la ville. J'arrive à descendre à la gare routière sans me tromper et laisse mes bagages à la consigne. Une première : ici, on paie en fonction du poids des bagages. En regardant l'heure sur mon portable, je vois que je ne dépends plus du réseau Télé2 et tente un Sandrine téléphone maison. Et ça marche !!!! Du coup je crame la moitié du forfait d'un coup, mais ça fait vraiment du bien d'entendre des voix familières. Ca fait déjà 21 jours que je suis partie et que je déambule de ville en ville sans réellement me poser où que ce soit, et ça finit par peser un peu.

Après ce coup de fil et le nez toujours au soleil, il ne me manque plus qu'une chose : la bouffe !!!!!!!! Il est 14h30 et je n'ai toujours rien mangé.  Justement, j'étais en route pour ma cafèt' à pelmenis près de mon ancien hôtel. Je me sers une bonne assiette avec plein de sauce que je paie environ 1 euro. C'est raisonnable, dirons nous. Enfin rassasiée, je vais visiter un dernier musée à proximité : le musée du théâtre et de la musique puisqu'on peut y voir d'anciens instruments et boites à musique.

Tranquillement, je retourne vers la gare routière en faisant un gros détour par la Porte Viru (à côté de mon hôtel) car j'avais oublié de faire une photo, puis un achat inconsidéré au supermarché du coin : une bouteille de kvass (boisson traditionnelle russe ressemblant de loin au Coca-Cola, mais avec un meilleur goût et pas corrosif).

Pour faire quelques clichés supplémentaires avant de quitter Tallinn, je décide de passer par le quartier moderne, au milieu des bâtiments de verre et, à ma grande surprise, je constate qu'entre les buildings, on trouve encore des maisons à frontons colorés du XVIIème siècle ou de nombreuses maisons de bois. Et dire que j'ai failli manquer ça ! Heureusement que je voyage en bus !

Justement, mon bus arrive pile poil à l'heure : 18h30. L'extérieur est normal, est l'intérieur est différent de d'habitude : ici, ils ont dans certains bus un coin "lounge", une sorte de 1ère classe, fauteuils en cuir, plus d'espace, wifi, prises électriques, table en bois, TV, bref, pour 24 euros, j'avais pris mon billet pour le luxe. Comme c'est trop bien de pouvoir étendre ses jambes à l'infini !!! On n'est que 3 à se partager les 24 places, donc ça permet de se déplacer pour voir le paysage des 2 côtés du bus : des forêts de pins et de bouleaux qui s'ouvrent régulièrement sur de grands champs verts ou jaunes avant de redevenir forêt, puis à un moment, la mer Baltique apparait, bordée d'une plage de sable et d'une rangée de sapins, tout ça avec le soleil rougissant de la fin de journée. J'arrêterais bien le bus ici pour quelques mois.

Nous arrivons à Riga la nuit tombée, à 23h. Je tente tant bien que mal de faire rouler ma valise sur les trottoirs pavés, et arrive à l'hôtel. Il ne me reste plus que 6 hauts étages à escalader sans ascenseur. J'arrive en haut à bout de souffle, en ayant laissé la valise en cours de route, pose mon sac à dos qui m'empêche de respirer et retourne chercher le mammouth. Une fois moi et toutes mes affaires à la réception, on m'informe qu'ils n'ont reçu que mon email de ce matin dans lequel je les prévenais que j'arriverais tard, mais qu'il n'ont jamais eu de réservation à mon nom, qu'ils ont de la place pour ce soir, mais pas pour les 2 nuits suivantes.
Là, d'un coup, j'ai juste envie de m'assoir par terre et de ne plus bouger jusqu'au moment du départ vers Klaipeda, dans 4 jours.
Pourtant, il faut bien trouver une solution. Je dors ici cette nuit, car l'hôtel est sympa et que je suis trop fatiguée pour aller où que ce soit, mais la réceptionniste m'aide à trouver un autre endroit pour dormir les nuits suivantes. Les autres hôtels sont soit loin de la gare routière, soit sales, soit sont des hôtels de fêtards. Le moins pire est la catégorie hôtels de fêtards, et c'est donc là que je réserve. Sur ce, je vais dormir, avec un peu de chance je ne vais pas faire de cauchemar sur ma journée de demain.

Les photos du jour :

Commentaires

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2 commentaires sur “Le jour où j’ai amorcé le retour dans le sud”

  1. Ro dit :

    Avais-tu remarqué les sirènes dans la vitrine? pardon les six rennes!
    Nous aimons beaucoup tes photos, choix et cadrage.
    Profite bien de ton 2e printemps et du parfum de ses fleurs, ici nous n avons plus de lilas fleuri depuis un mois.

  2. Sandrine77 dit :

    Je profite à fond des lilas, c'est une de mes fleurs préférées, alors je me remplis les narines de leur parfum à chaque parc.

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